La situation économique du secteur culturel est dramatique : pratiquement toutes les manifestations, tous les musées, les librairies, tous les établissements culturels sont fermés depuis le début de la crise, et la quasi-totalité des manifestations de l’été, en particulier les festivals, sont annulés, la presse n’est plus distribuée que partiellemen
t. Tout cela a des conséquences énormes pour les salariés du secteur, qui est fortement marqué par l’emploi flexible, l’intermittence, les pigistes, la précarité, le travail indépendant, les droits d’auteurs liés à la diffusion.
Pour ces emplois, les amortisseurs institutionnels (chômage partiel…) fonctionnent peu ou mal, la perte des contrats est sèche et les annulations obèrent l’espoir de recouvrer les droits au chômage, pour ceux qui peuvent en avoir.
C’est la principale inquiétude du secteur, une inquiétude économique par rapport à la fragilité de ses salarié-e-s et de ses petites structures (compagnies, galeries, librairies, etc…).
Par nature, l’activité culturelle est principalement évènementielle : spectacle, concerts, musées, expositions, festivals… Par ailleurs, c’est principalement l’activité du lien entre les personnes, de la fête, et là où il est peut être le plus frustrant et le plus difficile d’appliquer des règles contraignantes, d’envisager sereinement le déconfinement.
Aussi nous pressentons que ce secteur sera l’un de ceux que la crise du corona virus impactera le plus longtemps et le plus fortement. C’est pour cela qu’il réclame une attention particulière, comme l’a fait par exemple L’Allemagne qui a prévu un plan de soutien spécifique de cette économie à hauteur de 50Milliards d’€ (sur un plan de 1100 milliards). Nous demandons à ce qu’un plan de sauvetage, prenant en compte les spécificités du secteur, soit également mis en œuvre en France.
La question du déconfinement du secteur culturel n’offre aucune comparaison avec le secteur de l’éducation ou les enjeux sur les inégalités sociales sont tout à fait majeurs et structurant pour la société, et fondamentalement différents
Toutefois il faut faire preuve de pragmatisme : certaines activités ou type de rassemblement sont moins impactant que d’autres et la réouverture de certains lieux, dans des conditions de sécurité et avec un arsenal de précautions est possible. Nous proposons un plan de reprise progressive à partir de la mi-mai, avec le maintien des gestes barrières et mesures de sécurité déjà prises dans le secteur commercial :
- réouverture des bibliothèques et médiathèques pour le prêt de documents
- réouverture possibles des librairies et disquaires, kiosques de presse
- programmations en extérieur dans l’espace public de spectacles de petite forme (3 ou 4 artistes) et de petite jauge (moins de 100 personnes) avec toutes les précautions nécessaires
- réouverture de musées, galeries et centres d’art (maintien des distances entre les personnes)
- réouverture avec mesures sanitaires adaptées des lieux de formations et de pratiques artistiques, écoles de musiques, conservatoires, MJC et autres centres socio-culturels…
De telles mesures permettraient :
- une relance économique pour les artistes qui pourraient bénéficier de quelques cachets ( avec des prises en charges pour les répétitions si nécessaire);
- une relance sociale pour la population qui reprendrait contact avec l’art et la culture, et permettrait de sortir du tout numérique. Recréer du désir de culture et relancer de la confiance auprès des publics;
- une dynamique de circuit court et de coopération, ce sont les artistes locaux qui seraient sollicités.
- Le budget de ces opérations serait financé par les collectivités locales et l’Etat, en partie par les opérations culturelles non réalisées et par un fond de soutien spécifique (alimenté par les collectivités et de l’Etat).
- Cela pourrait être progressif avec des discussions à l’échelle locale avec les responsables publics associés pour préciser les modalités.
En fonction des résultats de cette reprise partielle de l’activité, une reprise plus générale pourrait s’engager progressivement dans le courant de l’été pour un retour à la normale à l’automne.