Auvergne Rhône-Alpes
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Emancipation, citoyenneté : deux mots clés de notre projet de société

1ère partie :

Dans une période troublée, où les conservatismes, voire les fanatismes d’un autre temps sont exprimés par certains sans aucune retenue, les écologistes répondent par des propositions concrètes, soit très simples, soit très ambitieuses.

Les défis sociaux et sociétaux auxquels nous sommes confrontés nous amènent à affirmer avec force qu’il est urgent de miser sur l’intelligence, l’émancipation et la coopération pour une société plus juste et ouverte.

L’éducation, la culture et les arts, la liberté d’association, d’expression sont autant de moyens à mettre en œuvre au service d’un projet de société écologiste et citoyen.

 

1/ Développer les lieux intermédiaires, les soutenir et les valoriser :

Lieux de vie, de partage, de détente ce sont des espaces pluridisciplinaires, ouverts à tous : amateurs, simples amoureux, professionnels, artistes qui souhaitent contribuer aux biens communs.

Nouveaux espaces où l’on peut à la fois avoir accès à :

  • des pratiques numériques (télétravail, coworking, fablab…),
  • des produits de circuits courts,
  • des offres culturelles (lecture, écoute ou pratique de la musique, ateliers d’écriture…)

Nouveaux lieux :

  • de formation et/ou d’accompagnement des plus exclus,
  • de partage de savoir-faire (jardinage, bricolage, mécanique…),
  • d’élaboration de projets (professionnels ou bénévoles…).

Et aussi lieux où l’on peut boire un verre…

Ces lieux « sans frontières » sont particulièrement pertinents en milieu rural et périurbain, parfois peu équipés en espaces de socialisation ouverts.

Des lieux intermédiaires de ce type pourraient être expérimentés dans quelques lycées et médiathèques.

Ceci entrainerait une évolution de certains métiers (bibliothécaires, conservateurs de musées entre autres) qui devrait alors être co-construite et accompagnée. De nouveaux emplois de médiation seraient nécessaires.

Ces nouveaux lieux non spécialisés génèrent des économies de fonctionnement.

Pour leur financement, la région pourrait venir en apport de crowfunding sur la base de 1€ de la Région pour 1€ de financement participatif, ce qui permet d’impliquer les citoyens en les rendant acteurs de leur vie.

2/ Défendre la liberté, l’autonomie d’expression et d’information comme des droits fondamentaux par des supports interactifs et citoyens.

Dans un contexte de mise sous tutelles de tous les organes d’information, de société de contrôle de toutes les expressions, il est primordial de promouvoir les medias citoyens et associatifs.

La Région accompagnera toutes les initiatives qui œuvrent à créer ces espaces de liberté et d’expression et sera attentive à la qualité et à l’exigence des contenus : journaux participatifs en ligne, télévision participative de quartier ou de bassin de vie, « films pocket », musiques collaboratives en streaming…

La Région s’appuiera, entre autres, sur le groupement des médias associatifs et participatifs nommés Médias Citoyens (dont l’utilité sociale est reconnue par l’Union Européenne depuis 2008). D’une part, le Conseil régional apportera une aide au groupement afin de le conforter, d’assurer sa pérennité, lui permettre de se développer, faciliter sa montée en compétences. D’autre part, ce groupement pourra utilement accompagner les initiatives de création de réseaux sociaux, de medias citoyens par les lycéens et les apprentis autour d’objectifs tels que : développer l’engagement, la vie lycéenne, les démarches éco responsables, sensibiliser au handicap, sensibiliser et lutter contre toutes formes de discriminations, les stéréotypes, les violences sexuelles, verbales ou physiques, échanger autour de films (ciné-club), livres, musique…

L’ouverture des données publiques (open data) en permet l’accessibilité à tous les citoyens et acteurs locaux. Leur réutilisation et la coproduction de données citoyennes visant la création de nouveaux services socialement utiles nécessiteront un accompagnement du conseil régional (laboratoires de réflexion, accompagnement humain ou financier…).

3/ Soutenir les langues et cultures régionales et des immigrations.

Création d’une « Maison des peuplements et des cultures régionales » (musée, espace d’échanges et de conférences, lieu d’exposition…) qui s’appuie notamment sur les langues et cultures régionales (occitan, franco-provençal), mais également sur l’histoire des migrations qui ont contribué à peupler et développer la région Auvergne-Rhône-Alpes…

Ce centre culturel régional devra proposer aussi des expositions, conférences, forums… itinérants afin de garantir une large couverture territoriale, y compris en milieu rural.

Et pourquoi pas créer une «maison virtuelle» afin de partager les ressources et de dynamiser les initiatives partout sur le territoire régional ?

4/ Accompagner et soutenir les projets de création d’activité économique par les jeunes

L’implantation territorialisée de Maisons des initiatives dans lesquelles se retrouveraient aussi bien les services de la Mission locale, les boutiques de gestion (BGE) ou encore les services du CRIJ (centre régional d’information jeunesse)… permettrait d’encourager les initiatives et de mieux accompagner des projets de création d’activités économiques par les jeunes. Des dispositifs permettant de financer un salaire (base SMIC) pendant six mois, correspondant à la phase de montage du projet, de faciliter les mises en relations avec les financeurs et les divers organismes… devront être élaborés avec l’ensemble des partenaires.

Une priorité sera accordée aux jeunes disposant de moins d’opportunités, à ceux qui sont moins formés et plus éloignés de l’emploi du fait de difficultés de mobilité et/ou parce que particulièrement confrontés aux processus de distanciation sociale et de discrimination (ethnique, territoriale, genrée…).

5/ Accompagner et soutenir l’accueil de jeunes en service civique volontaire au sein d’associations d’utilité sociale…

…dans les quartiers populaires et les villages. Il s’agit de faciliter/simplifier les procédures administratives (agrément, gestion administrative…) et de soutenir financièrement l’accueil de jeunes volontaires (bourse déplacement / mobilité, formation…) en complément des mesures mises en place par l’Etat.

 

2ème partie :

La culture au cœur de la transformation écologique et sociale d’Auvergne Rhône Alpes

A l’heure où les contraintes budgétaires conduisent des collectivités à se désengager du secteur culturel, il est nécessaire de modifier les éléments d’analyse. La culture ne doit pas être considérée simplement au regard de ce qu’elle coûte mais en intégrant la plus-value qu’elle apporte.

Elle constitue le ciment de toute société, ce qui fait lien et sens.

Elle devrait donc être au cœur de toutes les politiques publiques comme un fil rouge : économie, agriculture, logement, éducation, urbanisme, aménagement du territoire… En fait, elle traverse tous les domaines du vivre et créer ensemble les biens communs.

Les arts et la culture sont pour toute personne :

  • une source d’émancipation et d’épanouissement,
  • une richesse pour développer l’esprit critique et la citoyenneté active,
  • un besoin fondamental,
  • un service rendu quels que soient son lieu de vie et son statut social.

La culture est pour tout territoire de vie :

  • un levier économique,
  • un facteur de vitalité,
  • un atout indispensable à l’accueil et au maintien d’habitants.

L’art c’est aussi du travail. La culture et le patrimoine, c’est aussi un fort potentiel de création ou de maintien d’activités et d’emplois non délocalisables.

Un projet culturel citoyen doit permettre à chacune et chacun, quels que soit son lieu de vie et sa situation personnelle, l’accès à la qualité (l’excellence) artistique.

Un projet culturel citoyen nécessite de se donner les moyens d’offrir à chaque citoyenne / citoyen les clés de telle ou telle proposition artistique.

Un projet culturel citoyen nécessite la création de passerelles entre :

  • populations diverses (par leur origine sociale, culturelle, géographique…),
  • générations,
  • professionnels et étudiants, futurs professionnels ayant besoin de compagnonnage pour démarrer leur activité artistique dans de bonnes conditions,
  • professionnels et amateurs,
  • pratiques artistiques (transdisciplinarité, pluridisciplinarité…),

1/ Soutenir l’entreprenariat dans les secteurs de la culture et du patrimoine

L’économie sociale et solidaire constitue un modèle économique pertinent dans ces domaines : elle doit être fortement soutenue. Groupements d’employeurs, mutualisations, coopérations et solidarités bancaires doivent être accompagnés par la Région.

Dans le secteur des industries culturelles et créatives, il convient d’aider à l’étude de faisabilité et à la création d’entreprises et d’accompagner des projets de création partout dans la région (possible avec le déploiement du très haut débit), avec une attention particulière aux territoires ruraux. De plus, une réflexion sur la question des imaginaires doit être conduite en relation avec une commission indépendante, notamment dans le domaine des jeux vidéos.

Les entreprises intervenant sur le patrimoine bâti, les métiers de l’artisanat dont l’artisanat d’art, les arts appliqués, le design… sont porteuses de développement économique : il convient de mettre en œuvre une nouvelle méthode d’accompagnement pour assurer leur pérennité.

2/ Développer des projets culturels et s’appuyer sur des conseils culturels de territoires :

La culture est un facteur essentiel du développement durable d’un territoire, au service de ses habitants et de son attractivité. L’offre et les pratiques artistiques, l’amélioration des équipements, la professionnalisation des acteurs…sont des éléments clés pour que la culture soit présente partout, jusque dans les territoires très ruraux.

Le conseil régional se propose de généraliser dans toute la grande région la méthode expérimentée sur sept ans en Auvergne. A l’échelle d’un territoire de projets (en Auvergne, c’est le pays qui a été retenu jusque-là), élaborer des projets culturels prenant en compte les attentes et les spécificités de cet ilot local de vie (regroupant plusieurs communautés de communes). Les conditions d’une réelle concertation Conseil régional et pays et d’une co-construction peuvent être réunies en créant ou en confortantles conseils culturels de territoires.

Ces conseils culturels de territoires sont composés d’élus, de techniciens, d’agents de développement culturel, d’acteurs culturels du territoire (structures, artistes, acteurs de l’éducation populaire…) auxquels peuvent être associés des représentants d’établissements scolaires. La participation citoyenne à cette instance est indispensable.

3/ Favoriser et accompagner la création artistique :

Quel avenir pourrait avoir une région sans créateurs ? Sûrement pas très brillant : manque de dynamisme, baisse de potentiel économique, manque d’attractivité…

L’innovation technologique et la création artistique sont les deux facettes des métiers de la création. Les deux sont indispensables pour donner l’élan et impulser des projets.

La région se doit de soutenir la création artistique sous toutes ses formes (théâtre, danse, arts plastiques, cinéma, musiques, arts de la rue, cirque, chanson, vidéos, écriture, poésie, etc.), favoriser l’émergence de nouveaux talents tout en veillant à respecter la liberté de l’artiste.

Le soutien peut se faire sous forme d’accompagnement à des équipes artistiques sur deux ou trois années ou en réponse à des appels à projets réguliers. L’analyse des projets de création pourra être faite par un groupe de personnes issues d’horizons très variés (programmateurs de grandes scènes et de territoires ruraux, représentants de structures culturelles spécialisées dans tel ou tel domaine, des agences culturelles régionales, d’acteurs de l’éducation populaire, des agents du service culture… et à imaginer sous quelle forme : de citoyens).

4/ Redonner une place aux arts appliqués, aux sciences et techniques

Force est de constater que ces « disciplines » sont les parents pauvres des politiques culturelles. Or, avec le décloisonnement et les pratiques croisées des acteurs, de nouvelles approches sont indispensables.

Cette volonté nouvelle s’appuiera au départ sur un appel à projets d’innovation sociale. Les projets devront être conçus sur le croisement entre disciplines dites « artistiques » et disciplines scientifiques et techniques. Ils devront également développer des synergies et des mises en réseau entre lycées généraux, professionnels, agricoles et universités et associer des entreprises de l’ESS et/ou éco-responsables.