Avant de parler de culture
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Campagne des cantonales 2011, discours du 12 mars

 

J’ai écrit dans ma profession de foi qu’il était temps de penser l’avenir autrement.

Mais est ce que  que penser ce n’est pas justement toujours penser autrement ?

Oui la véritable réflexion fabrique de la nouveauté, elle ne conquière pas uniquement  du terrain,  elle en crée et en cela elle n’a pas de limite.  Alors  vive cette croissance là !

La réflexion  écrit une page neuve là où précisément les idées reçues, les opinions et doxas de tout poils,  relisent en boucle  les considérations des autres ou  parfois même les nôtres.

Rimbaud ecrit  « Je est un autre «  et le dicton dit qu »’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis » .En fait  les deux disent une même chose  c’est que :

celui qui se met à l’épreuve de sa pensée sort nécessairement de sa condition préalable .

La  pensée amène toujours ailleurs, la pensée produit de l’autrement :

du voir autrement,

du être autrement et, la boucle est bouclée : du penser autrement .

En deux mots :

La pensée produit de l’autre en moi même.

Et c’est à partir de ce processus que j’accède à  la compréhension d’autrui.

Exemple botanique (c’est la saison) :

Si, je suis une fleur je comprends les fleurs mais si je me transforme en champignon alors je vais me mettre à comprendre les champignons  puis, comme j’ai de la mémoire et que je me souviens d’avoir été une fleur, je vais  donc comprendre les fleurs et les champignons et ainsi de suite….

Chaque transformation me porte à comprendre  ce qui me ressemble

C’est  pour cela que la diversité est essentielle, c’est parce que elle témoigne des multiples transformations dont procède le vivant  et sa sœur jumelle : la diversité.

(dire bio diversité c’est  presque une tautologie) (Rien ne dure tout se transforme)

 

Inversement sans l’autre (mon parent, mon voisin); point de pensée possible car point d’accueil au monde, point de transmission, point de langage, et donc, point de réflexion.

Pour le dire plus radicalement  celui qui ne réfléchit pas s’enferme , Il  devient un handicapé des autres, un handicapé de lui même,

Oui celui qui ne fait pas l’effort de penser, s’ampute littéralement de sa capacité à accéder à  toute forme d’ ailleurs et d’altérité.

Oui penser c’est tricoter son avenir autrement, c’est tisser de la liberté.

Alors c’est vrai i J‘ai l’air d’insister sur l’acte de  penser et quel rapport  me direz vous avec la culture ?

Et bien

Penser et  cultiver  ne serait ce pas  un  même mouvement, un même geste une même poussée de la vie ?

Qu’il s’agisse de retourner des représentations calcifiées ou une terre trop rigide ne s’agit il pas toujours  en fait d’assouplir  un terreau afin que les nouvelles graines puissent germer ?

Ce mot culture qui fait sortir son revolver à Goering  et  son tube d’aspirine à Sarkozy, , Je me suis demandé ce le cerveau de Marine Lepen en rumine derrière son front…national  Alors j’ai un peu cherché et je suis tombée inévitablement sur l’oriflamme hautement  populiste  de la fameuse culture identitaire ….. mais c’est quoi çà, la culture identitaire ?

Eh bien la culture identitaire c’est  précisément la fuite éperdue devant toute cette réflexion qui risquerait d’amener à un ailleurs de soi.

« Je est un autre » ce n’est  pas simple à gouverner et la complexité on se rend bien compte  que ce n’est pas la tasse thé de Marine:

Un jour tu  diriges  des concitoyens qui pensent comme ci, et puis ils se mettent à réfléchir et à penser comme çà ;  alors toi, le chef d’état, tu ne t’y retrouves plus et pire : tu deviens  obligé de composer avec ces nouveaux modes de pensées. Mais alors là , on nage dans le contresens du pouvoir, c’est le monde à l’envers et que fait la police ?

Depuis quand un chef s’adapte t’il ? Un chef c’est un chef, ça dirige et c’est au peuple de s’adapter  à lui c’est à dire  d’obéir !

D’ailleurs le peuple,  pour beaucoup encore, ce n’est pas un maillage d’altérités c’est une masse. Une  masse ça peut faire 23% ça peut faire plus, ça peut faire moins, ça dépend du camembert qu’on a décidé  de lui faire remplir. Les sondeurs sont des soudeurs de différences, ils ne composent pas , ils compactent.

`Alors c’est ça qui est bien  pratique avec la culture identitaire : tu  coules tout ce beau monde  dans un moule bien  rigide, tu laisses sécher et tu  formates. Comme ça tu es certain que le « je »de Rimbaud sera  englué avant d’avoir pu devenir  « un autre ».

Bon on le sent bien:  La culture identitaire est une impasse intellectuelle  et une arnaque morale à deux balles car la culture identitaire ne fait et ne fera   jamais bon ménage avec l’acte même de penser. Eh oui !, n’en déplaise à certain : penser c’est agir.

Évidement, le seul problème c’est que pour s’en rendre compte il faut précisément  un petit peu bouger ses Neurones.

Alors là  je me dis que notre plus grand ennemi ce n’est pas le Front national, non,  notre plus grand ennemi c’est la paresse néo cortical

Et ça me pose un problème ,  parce que  quand je tracte sur certains marchés ( 35 % de FN  chez nous tout de même )je me demande comment on pourrait faire pour  désengluer les synapses de ces braves gens.

Je me vois mal aller les choper par le col  et leur citer Jacques Rancière ( le maître ignorant) en leur disant, la main sur le cœur: « vous savez …tout ce qui n’émancipe pas abrutit »

Ou bien, argument choc militant : « vous croyez que l’écologie ça commence à bien faire mais…..l’écologie c’est bien faire »

Bon alors on fait quoi ? Parce que s’ils ne veulent pas réfléchir on ne  va tout de même pas les forcer ?

Cela dit on pourrait  tenter  de leur donner envie et c’est çà qui aujourd’hui m’interroge et m’anime :

c’est   trouver le point de désir , c’est aider à réactiver le mouvement de la curiosité, l’intérêt ( inter- être),  le goût de soi et des autres. Car toute curiosité est goût de voyage et vous remarquerez une chose : c’est que la curiosité est indissociable de la joie.

Un être curieux  est à la fois gai, alerte et attentif (car curiosité et cure ont les mêmes racines). Un curieux est un être qui prend soin de… , qui est soucieux de …, intéressé par…, qui est donc tourné et porté  vers ….en cela la curiosité est désir.

En fait avant de parler de la culture c’est de désir qu’il faut parler et  c’est le désir qu’il faut invoquer.

Et je m’arrêterai là, en suspension…. au dessus de cette ouverture colmatée  par laquelle le désir ne passe plus.

Nous militants EELV , avec le burineur de l’écologie politique, nous pouvons dégager cette porte murée et lui rendre son contacte avec le vivant.

Après et seulement après….. et ensemble nous parlerons de la culture, alors je dirai :

Toute  culture est à la base du processus d’humanisation et de même que le lapin est le seul animal capable de faire du Lapin avec de la carotte, l’homme est le seul mammifère capable de faire de l’homme avec de la culture.

……………………….  Et on sera tous curieux de connaître la suite…..

Adèle Côte